vendredi 23 mars 2012

Cesser de râler, un vrai défi

Renoncer à critiquer à tout-va et à ronchonner exige une véritable «révolution intérieure».

Le dessinateur Georges Wolinski, dans les années 1970, en avait fait des héros nationaux: deux personnages accoudés à un comptoir de zinc qui râlaient tout le temps, sur tout, la marche du monde, leur femme, les impôts, le temps… L'archétype du français râleur, déjà très présent dans Astérix, trouvait là une nouvelle manière de s'exprimer.
Aujourd'hui, ce personnage ronchon, récriminant et amer est toujours très actif. Il suffit de faire un tour sur la Toile pour mesurer sa vitalité. On y apprend qu'il existe un championnat de France des râleurs, incitant qui hait les sens interdits ou la pluie systématique sur l'Hexagone à venir récriminer auprès d'un fictif «Monsieur le directeur» et sous l'objectif d'une caméra. On y découvre aussi d'autres sites entièrement consacrés à ce qui semble y être considéré comme un art: le «raling» (cf. Raleur.net, Les Joyeux Râleurs, etc.).
Au milieu de cette forêt de bureaux des plaintes, le site créé par Christine Lewicki en 2010, jarretederaler.com et qui a suscité la publication du livre J'arrête de râler (Éd. Eyrolles) fait figure de clairière. Il faut dire que la jeune femme, par ailleurs coach auprès de dirigeants, vit aux États-Unis. Une occasion pour elle de mesurer, là-bas, ses comportements quotidiens de «râleuse professionnelle».

Négativité stérile

«En tant que Française, j'avais cette habitude de prendre le contre-pied des idées ou initiatives qui m'étaient racontées, explique-t-elle. Attention toutefois: il ne faudrait pas croire qu'à Los Angeles, où je vis, personne ne se plaint. Au contraire, les Américains râlent beaucoup: sur les profs, les sociétés de services, etc. Mais, contrairement aux Français, eux multiplient les critiques proactives, c'est-à-dire toujours accompagnées d'un acte concret: lettres au service clientèle, réclamations auprès du directeur de l'école, etc.»
La plainte clairement exprimée, accompagnée d'une revendication concrète à la bonne personne, est en effet un geste positif. En revanche, râler de manière chronique en mettant tout sur le même plan (la météo, ses enfants et les bouchons sur la route…) ne peut avoir qu'un effet: diffuser une négativité stérile. Lassée de voir ses relations et son moral se détériorer, Christine Lewicki a décidé d'entamer un «marathon d'abstinence», 21 jours sans râler, qu'elle a raconté sur son blog.
On y découvre ainsi que renoncer à ses petites récriminations quotidiennes n'est pas facile: «C'est que râler, ça fait du bien!, explique la coach. Cela vient combler un besoin dont on n'a pas conscience et qui cherche à être satisfait.» On a en effet découvert que l'un des premiers bénéfices de celui qui a pris l'habitude de blâmer au quotidien est la création de liens. Jennifer Bosson, chercheuse en psychologie sociale de l'université de Floride du Sud, a récemment montré que lorsque deux étrangers se rencontrent, ils développent plus d'intimité entre eux s'ils partagent des opinions négatives sur un objet tiers.
 «On le constate tous, ajoute Christine Lewicki: lorsque nous rentrons dans un ascenseur et que le silence entre nous et les personnes qui l'occupent se fait pesant, rien de mieux que de trouver quelque chose à critiquer, du genre “que c'est long entre les étages!” ou “on étouffe là-dedans!”» Une attitude à mesurer toutefois car le «raling» a aussi des effets pervers sur celui qui s'y adonne trop: il éloigne les proches et fait mariner dans un sentiment d'impuissance préjudiciable.

Apprendre à regarder le verre à moitié plein

Ce qui importe, c'est de savoir remplacer une «râlerie» stérile par une démarche efficace. Ainsi le psychologue Guy Winch, dont le livre L'Art de se plaindre vient d'être traduit en France (Éd. Payot), rappelle que «toute plainte, même la plus justifiée ou la plus personnelle, la plus intime, est une demande de coopération ou d'aide adressée à autrui». Un des premiers comportements substitutifs aux perpétuelles jérémiades: savoir demander de l'aide.
Pour Christine Lewicki, qui parle d'une «véritable réorganisation neuronale» chez ceux qui décident de ne plus avoir recours à cette tendance stérile au grief, autre solution efficace: «Puisqu'on sait que, dans la vie, on est nécessairement frustré, mieux vaut baisser son niveau d'exigence et prendre l'habitude d'aller puiser dans toutes les ressources qui nous entourent!» À savoir, apprendre à regarder davantage le verre à moitié plein. Un changement à 180° qui s'appuie sur les dernières découvertes en psychologie positive: «Plus on remarque ce qui va bien, plus ce qui va bien se déploie dans notre existence.»

Source : figaro icon Pascale Senk 

Ecoutez à partir de la minute 67 cet interview : http://www.europe1.fr/MediaCenter/Emissions/Dans-l-air-du-temps/Sons/Dans-l-air-du-temps-09-08-11-662087/ 

jeudi 22 mars 2012

Kantar Media et Gala dessinent les nouveaux codes du luxe

Étude exclusive du planning stratégique de Kantar Media pour Gala. Le nouveau luxe est plus relationnel. Les deux tendances montantes sont le "purisme" et le "ludisme".

"Nous avons lancé, avec Kantar Media, la seconde édition de l’étude sur les codes du luxe pour asseoir le positionnement de Gala se positionne comme un féminin people haut de gamme(1)", explique Nicolas Cour, directeur du marketing publicitaire et des études éditoriales de Prisma Pub, la régie de Prisma Media. 

Premier constat quantitatif : le luxe va globalement très bien. Et son marché publicitaire aussi : Kantar Media l’évalue à 821 millions d’euros hors Internet pour 2011 (soit +10 % vs 2010). En termes de médias, la presse reste leader. 

L’étude confirme l’apogée d’un luxe en réinvention avec, note Nicolas Cour, "ce paradoxe du luxe du sens et des sens" : d’un côté le luxe de la tradition, du bel objet, de l’intime symbole d’une démarche durable, et de l’autre, le luxe de la sensation, de l’intensité et de la différenciation, celui d’une consommation plaisir et hédoniste. Un axe horizontal, sur lequel Kantar Media identifie quatre grandes tendances en création publicitaire.

Purisme : une relation d’exception légitimée dans une culture, une histoire ("JM Weston, 120 ans sans faux pas", "Il y a 190 ans" de Montblanc), un lieu, une personnalité (avec le retour d’icônes comme Steve McQueen pour Louis Vuitton). Parmi les tendances 2011  : le retour aux inspirations naturelles (univers animalier dans l’inspiration des collections d’Hermès, Pomellato, Van Cleef & Arpels) ; le sory telling sur la maîtrise du geste et de l’univers de l’atelier (les Journées Particulières de LVMH, Les Mains d’Hermès). Plus que jamais, des imaginaires servent de points d’ancrage rassurant dans un monde instable.


Sensualisme : une relation épicurienne sans cesse renouvelée et individualisée qui tend à se radicaliser. La sexualité s’affiche plus clairement . Inspiration "maisons closes" (Jean-Paul Gaultier, Dior) ; retour des codes porno chics (Prada, Burberry, Mercedes-Benz) ; fantasmes de l’inactivité (Dolce & Gabanna, Tod’s) ; stéréotype de la femme fatale (Versace) ou de la virilité dominatrice (Giogio Armani, YSL) ; explosion des sensations, couleurs, expressions gourmandes…
 
Rupturisme : une relation essentielle légitimée par son intensité, une volonté de distinction en rupture avec les codes. Le rupturisme concerne surtout les marques de créateur (Mugler, Balenciaga, Alexander McQueeen, Vivienne Westwood, etc.). Les humains sont "robotisés", aliénés, découpés… Les mannequins jouent sur la confusion des genres.


Ludisme : une relation de connivence, entre humour et douceur d’un luxe qui ne se prend pas au sérieux. Pour dédramatiser le luxe, les marques, influencées par la communication digitale, jouent la carte de la dérision (Lanvin, Tom Ford), expriment joie de vivre et insouciance (Paul Smith, Calvin Klein), déjouant même l’ennui par l’effronterie (Chanel, Longchamp, Marc Jacobs). Certaines sont tentées par un luxe régressif, qui baigne dans une nostalgie enfantine (Dior et My Little Paris, Hermès). La dimension ludique est bien sûr intégrée dans les applications mobiles (Chanel et son application permettant de suivre un défilé en live, Boucheron et son expérience de réalité augmentée) dans le jeu on et off line (site communautaire de Veuve Clicquot), YSL et "La Liberté" sur Instagram.

Pour Françoise Hernaez-Fourrier, directrice du planning stratégique de Kantar Media, "les deux tendances les plus nouvelles sont le ludisme, lié à l’esprit digital, et le purisme". Le grand défi des marques de luxe selon Kantar Media : "orchestrer le rapprochement dans la gestion de la communication relationnelle, en conservant la magie et le positionnement de créateur de rêve."

(1) Gala est l’hebdo féminin sélectif le plus vendu en kiosque (207 883 exemplaires vendus chaque semaine) mais aussi le plus lu (2,5 millions de lecteurs chaque semaine, dont 1,8 million de lectrices). C’est le numéro deux des hebdos féminins sélectifs sur les femmes premium, derrière "Elle". Sources : AEPM 2010-OJD 2011-Audi Presse Premium 2011.

Billet rédigé par Catherine HEURTEBISE 

Les jeunes : leurs vies, leurs rêves...

La nouvelle étude d'Inter°View Innovative décrypte les 18-25 ans pour répondre aux objectifs suivants : les 18-25 ans rêvent-ils encore et si oui, à quoi ? Quels sont leurs moteurs, en fonction de leur profil ? Que rejettent-ils ? Sur quels critères font-ils des choix ? Quelles marques plébiscitent-ils et pourquoi ? Et plus stratégiquement, ces consommateurs de demain, qu’attendent-ils des marques ? Comment ces marques peuvent-elles les accompagner ?

 Voici les principaux résultats l'étude :
Selon leur degré de construction, leur maturité, et leur niveau de contrainte financière, les 18-25 ans ont des caractéristiques différentes :

- les lycéens –en pleine construction identitaire, en recherche d’autonomie, aspirant à une vie d’adulte, vivant dans une bulle individuelle dans le cocon familial– se projettent pour la plupart dans un métier ! Une nouveauté en 2012 (le volet 2010 montrait leur incapacité à se projeter dans le futur).


- les étudiants –en préparation à l’entrée dans la vie active, ne voulant pas renoncer à leurs rêves, entre travail et loisirs, subissant les difficultés matérielles et sociales, fortement dépendants de leurs parents– envisagent le travail comme l’autonomie pour composer la vie souhaitée.

- les jeunes actifs –au commencement de l’autonomie financière, conciliant travail et loisirs, privilégiant le confort et la consommation, en plein déni des difficultés, ayant construit une certaine stabilité– revendiquent le travail comme un moyen et non une fin.

Les jeunes rêvent-ils encore et à quoi ?
Oui, ils rêvent encore, répond Inter°View. En majeure partie, ils rêvent de s’expatrier, de partir à l’étranger, pour vivre une expérience ‘"loin du nid" et se construire…

Quels sont leurs moteurs selon leur profil ?
L’étude 2012 a permis de dégager trois grands profils chez ces 18-25 ans : les ambitieux, les hédonistes et les engagés, avec des aspirations différentes mais un moteur commun, réussir sa vie.


- Les ambitieux privilégient la réussite sous toutes ses formes avec un objectif affirmé : prendre sa vie/son destin en main. Confort matériel et financier, valorisation statutaire, reconnaissance, accès au luxe, liberté, audace... sont autant d’aspirations pour les ambitieux. Les moyens mis en place pour y parvenir sont : la forte détermination, la confiance en soi, les concessions et les sacrifices.


- Les hédonistes prônent une grande importance à l’épanouissement personnel, pour pouvoir profiter de la vie avant tout. Valorisation du bien-être, équilibre, jouissance du moment présent représentent les aspirations de ce profil. Les moyens mis en place consistent à la conciliation entre travail et passions, à l’arbitrage entre contraintes et bénéfices personnels.

- Les engagés prônent l’engagement en faveur d’une cause ou d’un mode de vie, pour réinventer la société et donner du sens à leurs actes. Partage et altruisme, solidarité, responsabilité, l'action pour soir et pour les autres représentent leurs principales aspirations. Les moyens mis en œuvre tournent autour de la réflexion permanente sur l’environnement, de la remise en cause des clichés/idées reçues, de l'inventivité et de fortes exigences à l’égard de soi-même.

Quelle vision ont-ils de la société d'aujourd'hui ? Une vision qui n’a pas évolué par rapport à l'étude 2011. Les 18-25 ans se disent toujours aussi "pessimistes pour le monde actuel et son évolution…" avec un sentiment de non maîtrise prédominant : " Il faut être le meilleur sinon on est écarté" et tout aussi optimistes pour eux-mêmes :  "Je fais tout pour y arriver… je me donne les moyens"...

Quelle posture dans la société : limit ou no limit ?
Les 18-25 ans composent avec différentes logiques pour trouver leur chemin personnel et réussir :

- Jouissance d'une forte liberté : liberté de pensée et d’action dans les pays développés ; insouciance liée à l’absence de préoccupations matérielles pour ceux qui vivent toujours chez leurs parents.

- Respect des normes sociales : règles de vie imposées par les parents et la société ;  recommandations/interdictions des institutions : perçues comme nécessaires pour le maintien de l’ordre social mais jugées parfois trop coercitives.


- Expérimentation personnelle : s’amuser, se mesurer à soi-même, prendre conscience de ses propres limites.


Quels leviers d'action pour les marques ? Selon Inter°View, les marques devront prendre en considération l’attente toujours aussi forte d’aide et d’accompagnement, mais en même temps intégrer dans leur réflexion cette forte revendication d’identité multiple émanant des 18-25 ans, qui affirment leur désir ne pas se sentir stigmatisés, infantilisés ou ultra-culpabilisés…De plus, il est d’une importance cruciale de laisser une part de liberté et d’expérimentation personnelle aux différents profils identifiés.

En réalité, ces mêmes marques devront apprendre à signifier, via un discours spécifique en tous les cas, via un discours adapté aux trois profils majeurs identifiés par l'étude, qu’elles sont sur la même longueur d’onde que les 18-25 ans d’aujourd’hui. Enfin, Inter°View conseille d’éviter les stéréotypes infantilisants et autre jeunisme… Cette génération actuelle des 18-25 ans -qui compose allègrement avec les logiques de notre société pour réussir- n’en veut pas.



Par Catherine HEURTEBISE 

http://www.e-marketing.fr/Breves/Les-jeunes-leur-vie-leurs-reves-45146.htm?xtor=EPR-4&XType=&isn=20/03/2012

mardi 20 mars 2012

Le rendez-vous du Printemps

Comme il était prévu depuis longtemps, ce rendez-vous ! 

      
 Le doux printemps revient... (Extrait)
Le doux printemps revient, et ranime à la fois
Les oiseaux, les zéphirs, et les fleurs, et ma voix.
Pour quel sujet nouveau dois-je monter ma lyre ?
Ah ! Lorsque d'un long deuil la terre enfin respire,
Dans les champs, dans les bois, sur les monts d'alentour,
Quand tout rit de bonheur, d'espérance et d'amour ...
Je dirai comment l'art, dans de frais paysages,
Dirige l'eau, les fleurs, les gazons, les ombrages.
            Jacques DELILLE   (1738-1813)
   
     Printemps (Extrait)
Et puis, c'est oublié.
Ai-je pensé, vraiment, ces choses-là ?
Bon soleil, te voilà
Sur les bourgeons poisseux qui vont se déplier.
Le miracle est partout.
Le miracle est en moi qui ne me souviens plus.
Il fait clair, il fait gai sur les bourgeons velus ;
Il fait beau - voilà tout.
Je m'étire, j'étends mes bras au bon soleil
Pour qu'il les dore comme avant, qu'ils soient pareils
Aux premiers abricots dans les feuilles de juin.
L'herbe ondule au fil du chemin
Sous le galop du vent qui rit.
Les pâquerettes ont fleuri.
Je viens, je viens ! Mes pieds dansent tout seuls
Comme les pieds du vent rieur,
Comme ceux des moineaux sur les doigts du tilleul.
(Tant de gris au-dehors, de gris intérieur,
De pluie et de brouillard, était-ce donc hier ?)
Ne me rappelez rien. Le ciel est si léger !
Vous ne saurez jamais tout le bonheur que j'ai
A sentir la fraîcheur légère de cet air ...
       Sabine SICAUD   (1913-1928)


Le Printemps  (Extrait)
Voici le Printemps, la saison des roses.
Plus de rameaux nus, de gazons jaunis ;
Plus de froids matins ni de soirs moroses
Voici le Printemps et ses jours bénis.
Voici le Printemps : aux fleurs demi-closes
La brise qui vient des bois rajeunis
Murmure tout bas de divines choses...
Voici le Printemps, la saison des nids.
   Louis-Honoré FRÉCHETTE   (1839-1908)
 

 Printemps
Voici donc les longs jours, lumière, amour, délire !
Voici le printemps ! mars, avril au doux sourire,
Mai fleuri, juin brûlant, tous les beaux mois amis !
Les peupliers, au bord des fleuves endormis,
Se courbent mollement comme de grandes palmes ;
L'oiseau palpite au fond des bois tièdes et calmes ;
Il semble que tout rit, et que les arbres verts
Sont joyeux d'être ensemble et se disent des vers.
Le jour naît couronné d'une aube fraîche et tendre ;
Le soir est plein d'amour ; la nuit, on croit entendre,
A travers l'ombre immense et sous le ciel béni,
Quelque chose d'heureux chanter dans l'infini.
                Victor HUGO   (1802-1885)
 
 
Prière au printemps (Extrait)
Toi qui fleuris ce que tu touches,
Qui, dans les bois, aux vieilles souches
Rends la vigueur,
Le sourire à toutes les bouches,
La vie au coeur ...
René-François SULLY PRUDHOMME (1839-1907) 

  

Le printemps est dans la rue
Pierre Albert-Birot

Quand le printemps est dans la rue
On se met à la fenêtre
Et l'on regarde passer les poèmes
Alors on appelle le plus beau
Et hop ! il vous saute au cou.


Ça commence
Claude Clément

Ça commence
par des primevères
qui s'installent en conquérantes
sur la pelouse
sur les pentes
sur la berge
de la rivière
dans tous les coins et les recoins

Ça se poursuit
avec les cloches
écarlates
marbrées
des tulipes
celles
joyeuses
des narcisses
et les têtes crépues des jacinthes
qui lancent au bord de la haie
leurs cris aux beaux jours annoncés

Puis
vient le temps précis du muguet
de la violette passagère
des glycines en grappes légères
de l'iris dru
du myosotis échevelé dans les rocailles
des boutons-d'or envahissants
des pavots un peu languissants
celui de la rose trémière
qui entrouve
le premier mai
sa chemise au satin douillet

Ensuite
les dahlias transpercent la terre
lourde de feuillages de l'an passé
près du grillage
ils traverseront tout l'été
et rejoindront les chrysanthèmes
à l'orée de l'automne bllême

   À Noël
nous détacherons
la dernière rose
attardée sous les lampions de la fenêtre
avant le sommeil de minuit

Le printemps - Marc Chagall

La clairière
Paul Bergèse

La clairière
ouvre ses yeux
embués de rosée.
Les arbres s'étirent
et sourient au soleil.
Claquements de ramiers.
Une biche en attente
traverse la lumière.
Une première feuille
pointe son bout de nez
et le vent dans le chêne
fredonne un air nouveau.

Entre l'hiver et le printemps - Marc Chagall

Fête
Jean-Claude Touzeil


Frissonnez les érables !
Frémissez les bouleaux !
Tressaillez les cytises !
Bondissez les osiers !
Balancez les cyprès !
Chantez les cèdres bleus !
Dansez les peupliers !
Eclatez les genêts !
Criez les cerisiers !
Gueulez les chêvrefeuilles !
Et vous les saules pleureurs,
Ramassez vos mouchoirs,
Demain, c'est le printemps !


Branche fleurie d'amandier - Vincent Van Gogh

Printemps
Jean-Claude Touzeil


Avec la montée de la sève
Mon dieu ! Quelle circulation dans les bois !
On nous signale
De très nombreux accidents dans les cassis
Des ralentissements dans les frênes
Et
Du côté des chênes-lièges
Quinze kilomètres de bouchons

samedi 17 mars 2012

Les 7 et les 21 merveilles du monde


Les noces de Cana


"Le troisième jour, il y eut une noce à Cana de Galilée. La mère de Jésus était là. Jésus aussi fut invité à la noce ainsi que ses disciples. Le vin venant à manquer, la mère de Jésus lui dit" Ils n'ont pas de vin". Jésus lui dit " Que me veux-tu, femme ? Mon heure n'est pas encore venue. " Sa mère dit aux serviteurs : "Faites ce qu'il vous dira".

Or il y avait là six jarres de pierre, pour les purifications des Juifs, contenant chacune deux ou trois mesures. Jésus dit aux serviteurs : "Remplissez d'eau ces jarres". Ils les remplirent jusqu'au bord. Il leur dit : " Puisez maintenant et portez-en au maître d'hôtel. " Ils lui en portèrent. Quand le maître d'hôtel eut goûté l'eau devenue du vin - il en ignorait la provenance, mais les serveurs la savaient, eux qui avait puisé l'eau - il appelle le marié et lui dit : "Tout le monde sert d'abord le bon vin et, quand les gens sont ivres, alors le moins bon ; toi, tu as gardé le bon vin jusqu'à présent ." Tel fut le commencement des signes de Jésus ; c'était à Cana de galilée. Il manifesta sa gloire, et ses disciples crurent en lui". (Evangile selon Saint Jean, 2,1-11).

Cette gigantesque composition sera commandée dans le cadre d'une reconstruction du couvent des bénédictins de San Giorgio Maggiore à Venise (en face du palais des Doges), cercle intellectuel disposant d'importants moyens financiers. Destiné au réfectoire, il surplombera la chaire d'où l'abbé faisait la lecture pendant le repas, d'où sans doute le thème du banquet. L'artiste utilisera la toile comme support, le haut degré de salinité de Venise étant incompatible avec les fresques, qu'il peindra entre le 6 juin 1562, date à laquelle le contrat sera passé, et le 6 octobre 1563, jour où le peintre signera le reçu de ses honoraires.

Le décor, placé au dessus d'une terrasse surplombée par une balustrade et une esplanade, alterne plusieurs types architecturaux: colonnes doriques, puis corinthiennes, enfin composites. La tour à plan carré brise la symétrie. Les nombreux points de fuite permettent éviter la sensation d'éloignement engendrée par une ligne unique. La balustrade, qui correspond à la ligne médiane du tableau, marque la séparation entre les régimes céleste et terrestre. On y découpe l'agneau, symbole du sacrifice du Christ. Une gourde est suspendue sous l'animal, pour recueillir le sang.

La mise en scène semble inspiré par l'Arétin, auteur des Quatre livres de l'humanité du Christ en 1535. Ce dernier mentionne un grand nombre de convives aux noces de Cana, alors que cette précision ne figure pas dans le texte de saint Jean. Véronèse représentera ainsi 132 convives. Saint Pierre et la Vierge sont assis à la droite du Christ. Cette dernière porte un voile noir qui préfigure la Passion. Sa main, qui dessine le contour d'un verre absent, illustre la phrase " Ils n'ont pas de vin ". Pierre, le doigt levé, rappelle son rôle de fondateur de l'Eglise. Contrairement aux autres convives, ces personnages sont vêtus à l'antique. Le bénédictin placé à l'angle droit de la table, est postérieur à l'achèvement du tableau. Il pourrait s'agir d'un nouvel abbé au monastère. Les hommes d'Eglise n'appartenant pas à un ordre régulier sont généralement placés à la droite du Christ, les laïcs à gauche. Les femmes sont coiffées manière identique, à l'exception de la mariée qui porte une petite couronne. Certains hommes portent des vêtements orientaux.


Cloclo

Cloclo, le film biographique de Florent-Emilio Siri sur Claude François, l'idole  française morte électrocutée il y a 34 ans. Le chanteur à la trajectoire étincelante mais relativement courte, de 1962 à 1978, est incarné par le jeune acteur Jérémie Renier.

Jérémie Renier est Claude François dans le film Cloclo de Florent Emilio Siri

Cloclo est l'histoire d'une des plus grandes vedettes française du show-business qui n'a jamais cessé de fasciner et dont les tubes sont toujours d'actualité, d'un homme passionné aux mille obsessions, d'un artiste visionnaire qui ne cessera de se réinventer au cours de sa carrière, porté par ses fans, et les femmes qui l'entouraient : ses amours, sa soeur et sa mère... 


Energique, novateur, intuitif, maniaque, possessif, narcissique, généreux ou tyrannique… Claude François possédait toutes ces facettes, et bien d'autres encore. C'est ce que montre le film Cloclo, un film qui suit sagement un ordre chronologique, de sa naissance en Egypte en 1939 jusqu'à sa mort, le 11 mars 1978.

Si les succès de cette idole sont bien connus, de sa période yéyé à ses années disco, si l'on se souvient que le chanteur aux 40 tubes composa Comme d'habitude, une chanson reprise par Franck Sinatra sous le titre My Way, on connait sans doute moins les détails de son enfance en Egypte. Et surtout le traumatisme d'un retour brutal en France en 1956, à la suite de la nationalisation du canal de Suez.


Claude François, c’est une jeunesse de merde (déracinement, père mort sans avoir reparlé à son fils « saltimbanque »), une parenthèse de vaches maigres, une réussite brutale et phénoménale, une idée de génie (les Clodettes), une diversification discutable de ses activités (presse ado et de charme, parfums), un opportunisme de renard (la vague disco)... 

Siri séquence au mieux toutes ces étapes d’une vie dédiée à la réussite, qui laisse de côté femmes (Cloclo se conduisait envers elle comme un salaud) et enfants (la préservation de son image passait avant leur bien-être). Type odieux, donc, mais self-made man habile que le réalisateur rend attachant par son obsession maladive du détail et par sa détestation de lui-même. 





On voit à travers ce biopic que Claude François était un personnage à la fois passionnant et controversé. Au-delà de l’artiste à succès, on sait déjà à quel point le chanteur était mégalomane, obsédé, difficile, secret, incontrôlable. C’est le grand mérite de "Cloclo" : ne faire aucun cadeau et aucune concession à l’idole.
Jérémie Renier qui l'incarne est très ressemblant et plutôt convaincant qui lui prête sa fraîcheur, son énergie, mais aussi sa dureté et sa violence, du début jusqu’à la fin de sa vie.
 "Cloclo" ne s’arrête jamais, enchaîne séquence sur séquence, pour ne rater aucun pan de l’existence bien replie de Claude François. A travers ce rythme soutenu, on a la sensation qu’on ne se pose jamais bien longtemps au même endroit.

Vidéo interview du réalisateur : http://www.dailymotion.com/video/xpf4q8_cloclo-interview-de-florent-emilio-siri_shortfilms?fbc=856

Si ses chansons ne cessent de passer en boucle sur les ondes françaises, l'ombre de l'artiste plane également sur un certain nombre de films. En voici donc quelques exemples, parmi tant d'autres.
On trouve tout d'abord de simples citations mais qui, chaque fois, résonnent en nous comme une réelle évidence. Ainsi, en 2002, Alain Chabat réalise Astérix et Obélix : Mission Cléopâtre, secondes aventures live du célèbre petit gaulois au cinéma. Or, une telle destination ne pouvait qu'inspirer son metteur en scène en faveur de Claude François (rappelons que celui-ci est né en Egypte). Fidèle à l'esprit de la bd originale (elle-même emplie de références), Chabat choisit donc d'insérer, au cours d'un dialogue, une phrase issue de la chanson Alexandrie Alexandra, suivie de son refrain. Petit rappel :

Astérix : C'est quoi cette lueur à l'horizon, Numérobis ?
Numérobis : Les lumières du port d'Alexandrie...
Astérix : ... font naufrager les papillons de ma jeunesse.

Numérobis : Hum ?
Astérix : Non, je ne sais pas pourquoi je dis ça...
[...]
Obélix : En tout cas j'ai plus d'appétit qu'un barracuda.

Astérix et Obélix (en chœur) : Ba-rra-cu-da !
 

Le mythe Claude François est donc resté intact, plus de trente ans après sa disparition.

lundi 12 mars 2012

Quelle sera l'approche de la Beauté en 2030 ?

La beauté sera t elle soumise à des diktats (pipoles, médias chics, éternelle jeunesse, anti âge, idolâtrie de soi, etc) ou est ce que l'influence des univers digitaux/virtuels va modifier en 2030 notre approche de la beauté selon d'autres critères...moins physiques/sensoriels ? 

 

Notre approche du corps sera t elle médicale (modification on demand), spirituelle ou toujours "classique" (soins de notre enveloppe externe) ? 

Notre physique sera t-il toujours aussi important dans nos vies, avec des normes de beauté sociétales ou serons nous un melting pot de beautés singulières ? 

La beauté sera t-elle mainstream, mondialisée ou avec sa propre signature culturelle dans chaque continent ?
Quels sont les plus grands changements que nous pourrions imaginer dans la prospective de la beauté ?

La beauté en 2030 devrait être le reflet d'un état de bien-être et d'équilibre intérieur qui prendra ses assises dans un schème de valeurs équilibrés ou les gens arriveront à départir dans le cadre de leur gestion de temps, saine alimentation, entraînement physique et spirituel et activités intellectuelles, et ce, sans tenir compte de l'opinion d'autrui mais en en respectant tout simplement leur nature profonde. 

Les gens seront de plus en plus informés et de moins en moins influençables face aux critères de beauté imposés. Dans un monde où le virtuel est omniprésent entraînant l'abolition des frontières, ce phénomène devrait s'étendre d'un continent à l'autre.
Le maquillage digital est déjà là, par la collaboration de Panasonic avec Kanebo, marque premium de cosmétiques japonais, pour ce qui est de la technologie de maquillage virtuel.
Les beauty home devices seront entrés dans tous les foyers : led, radiofréquence, laser... et ce, à un prix fort.

En ce qui concerne l'expression de la beauté, devrais-je dire plutôt, les expressions, elles obéissent de moins en moins à des canons académiques, leurs approches ne sont plus segmentées comme pratiquait la Grèce ancienne (un beau nez, un joli pied...), l’équation globale de l’esthétique prime, c’est de l’ensemble des traits et des formes que naît l’harmonie.

Le métissage est de plus en plus apprécié, il est créateur de singuliers et somptueux physiques, gageons que cette tendance va s’affermir, il paraîtrait d' ailleurs que les cheveux blonds est amené à se raréfier...

Certains continents, comme l'Asie, resteront très attachés à leurs fondamentaux de beauté, comme les rituels de toilettes très affinés, le teint d’albâtre, tout en étant friands d’innovations cosmétiques et chirurgicales...


 
Une prévention beauté plus éclairée permettra d’anticiper et de réduire les recours à la chirurgie esthétique, le moment venu, cette dernière sera de moins en moins invasive et se dotera de techniques soft, annexes, afin de magnifier et surtout, de rendre l’acte, le plus insoupçonnable qu'il sera possible, avec des suites opératoires plus légères et confortables.
L’apparence de notre personne restera très importante, elle est, et sera toujours, même si l’on s'en défend, notre première carte de visite... Préalable à toute rencontre.
L'apparence restera encore très importante même si les critères de mode changent. Nos miroirs seront toujours là pour nous dire quelque chose. 

L'exigence de jeunesse ne sera pas forcément ce qui compte le plus. 

Le bien-être comptera bien davantage, alimentation, sport, qualité des produits que l'on mange et de vie en général amélioreront alors notre peau, notre visage. 

Il existe déjà des techniques beaucoup moins invasives et qui permettent des soins bien-être tout en améliorant l'état de la peau, des cheveux, de la cellulite, qui sont accessibles chez soi, sans courir, sans RV, sans perdre de temps en déplacement. 

Ces soins font penser justement aux rituels des japonaises dans les bains publiques, où toucher sa peau, que ce soit avec du savon, de la crème ou en massage est un moment de plaisir, que beaucoup de françaises considèrent comme une perte de temps. 

Or, c'est aussi un moment pour se retrouver soi-même, dans le silence ou en musique, dans son propre cocon que constitue notre espace de vie. Nous vivons souvent à 100 à l'heure, et les prochaines générations auront une grande conscience de la préservation de la santé, par la qualité de vie. Ils seront plus tournés vers un art de soin de soi dégageant du plaisir.

Mais l'apparence sera toujours importante, comme elle l'a été depuis l'antiquité, Cléopâtre se baignait dans du lait d'ânesse pour avoir une peau laiteuse et hydratée.