mardi 8 mai 2012

Les époux Arnolfini - VAN EYCK Jan, 1434

Mariage italien à Bruges
 
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C’est son portrait qui a attiré ma curiosité en premier. Ce chien, symbole de fidélité et de prospérité, placé par le peintre aux pieds des époux, tout petit, la queue en l’air, le poil long, l’œil morne inexpressif, qui brille  bizarrement. 




 
Lueur de début d’après-midi, observons ce couple immobile.

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Jan van Eyck : Le portrait des époux Arnolfini, 1434 - huile sur panneau en chêne 82 cm x 62 cm – Londres, National Gallery
    
Nous pouvons imaginer par leurs tenues et postures qu'il s'agit d'une cérémonie. Ces nobles ne s’étaient pas mariés à l’église. Ils préféraient l’intimité de leur demeure. Seuls, deux témoins, le chien et Jan le peintre, avaient été conviés. Ce couple s'était administré  eux-mêmes le sacrement du mariage.

Peu de temps avant le mariage, ils avaient passé commande de leur portrait. Une fois les festivités terminées, quelques jours passèrent. Un matin, Jan arriva avec son matériel. L’artiste demanda aux époux de revêtir à nouveau les habits du mariage et de refaire les gestes de la cérémonie. Il posa le panneau en bois sur le chevalet et commença à peindre. Il revint souvent puis, un jour, il annonça qu’il avait terminé et finirait les détails dans son atelier.
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Ce tableau peut laisse perplexe, voir horripilé de voir cette femme passive, presque servile, posant sa main dans le creux de celle de cet homme qui va devenir son mari.





 
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Lui, c’est Giovanni Arnolfini. Il est riche et le montre. Ce n’est pas trop difficile lorsque l’on est le fils d’une famille de commerçants et banquiers italiens ! Conseiller financier du duc de Bourgogne, c’est une personne importante à Bruges où ses affaires sont prospères.
Un profil chevalin, un gros nez aux narines dilatées, des yeux pas francs. De plus, il est maigrelet, les épaules étroites et tombantes. Ses mains blanches sont aussi fines que celles de sa femme.
Il a revêtu une tunique en velours fourrée de vison. Cette couleur sombre le rend encore plus triste… macabre… Pourquoi s’est-il affublé de ce chapeau noir cylindrique beaucoup trop grand pour lui ?

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 Elle, c’est  la fille d’un banquier italien. Ces affairistes ont envahi Bruges où le commerce est florissant. Elle a presque le même prénom que lui : Giovanna.
Le peintre a su la mettre en valeur. Elle porte une superbe robe verte ourlée d’hermine. Son joli visage poupin est éclairé par la coiffe blanche. Dommage qu’il y ait ces cornes brunes qui  dépassent au-dessus de chaque oreille… Consciente de l’importance du moment, elle esquisse un léger sourire. Sa main posée sur son ventre laisse indiquer ce que nous pressentons tous... 
La robe verte de Giovanna explose sur le tissu rouge du lit !

Tous les deux ont une position inerte comme figés et sans vie vie.
Giovanni tend maladroitement la main gauche à sa femme. Dans les mariages, il s'agit généralement de la main droite utilisée pour faire ce geste rituel ? Son autre main est étrangement levée à hauteur de sa poitrine… Un serment de mariage ?


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 Habituellement, le lustre en métal a six bougies. Sur le tableau, une seule bougie est allumée. La flamme serait un symbole du Christ, témoin du mariage, paraît-il ?
 Dieu… Les symboles…




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Jan disait souvent que les objets parlaient et délivrent des messages symboliques un peu partout dans le tableau en signe de bonheur conjugal : la bougie unique sur le lustre, la statuette de sainte Marguerite, patronne des futures mères, domine le haut dossier de la chaire derrière le lit avec son petit balai accroché. Le chapelet suspendu à côté du miroir évoque la foi des mariés. Même les oranges posées sur la table veulent dire quelque chose semble t-il ?
Curieux miroir ? C’est un miroir de sorcières. Sa forme convexe agrandit le champ de vision. Les époux sont montrés de dos dans le reflet du verre. Même les poutres du plafond apparaissent.

Il n'a pu résister au plaisir de se peindre dans le reflet du miroir.

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Petit détail ! Il a modifié sa signature placée entre le miroir et le lustre. Il a inscrit : « Johannes de eyck fuit hic » au lieu de « fecit » (« était là » au lieu de « l’a fait »). C’est sa signature en tant que témoin de leur mariage.






Au 15e siècle, la peinture flamande devient moins religieuse et les peintres sont très demandés par les bourgeois pour des portraits individuels les représentant dans le monde où ils vivent. Ce sont les premières représentations de scènes de genre qui feront le succès des peintres néerlandais du 17e. 

L’utilisation de la peinture à l’huile était récente. Les frères van Eyck (Hubert et Jan) améliorèrent son usage ce qui donna aux couleurs l’éclat et la solidité que n’avait pas l’ancienne technique de la tempera à base d’œuf et de colle.

Ce nouveau procédé pour peindre permit à Jan van Eyck de se démarquer des peintres des décennies précédentes. Son travail était millimétré, méticuleux, fait avec des pinceaux extrêmement fins, ce qui lui permettait de rendre chaque matière avec une grande habilitée dans les détails.

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