lundi 2 juillet 2012

Le crépuscule des pharaons



Du 23 mars au 23 juillet 2012, l’art du dernier millénaire de l’histoire pharaonique (1070-30 avant notre ère) investit le Musée Jacquemart-André. 
Pour la première fois, une exposition dévoile les trésors de ces dernières dynasties au cours desquelles, au rythme des crises et des invasions, l’Égypte s’est ouverte à de multiples influences.  
Plus de 100 pièces exceptionnelles, prêtées par les plus grandes collections internationales d’antiquités égyptiennes (l’Ägyptisches Museum de Berlin, le British Museum, le Musée du Louvre, le Metropolitan Museum, le Museum of Fine arts de Boston, le Kunsthistorisches Museum de Vienne…), témoignent de la richesse et de la diversité de l’art égyptien après les derniers Ramsès.


                                             Statue en or représentant Amon, 22ème dynastie

Le dernier millénaire de l'histoire pharaonique, une époque à découvrir

Durant les dix siècles qui précèdent la conquête romaine en 30 avant notre ère, l’Égypte fait face à une multitude d’invasions. Le pays est successivement dirigé par des rois libyens (XXIIe dynastie), des « pharaons noirs » d’origine nubienne (XXVe dynastie) et des Perses (à partir de la XXVIIe dynastie), avant que les Grecs ne leur succèdent lors de la conquête d’Alexandre le Grand en 332 avant notre ère.
Si la période est troublée sur le plan militaire et politique, l’art égyptien, nourri d’une longue tradition pharaonique, conserve tout son prestige auprès des nouveaux souverains étrangers qui s’en réapproprient les codes, en apportant une légère inflexion à certaines caractéristiques stylistiques. 
           
2e statue : Statue de Montouemhat, musée de Berlin

                               

1. Statuette en argent, 26ème dynastie, New York Metropolitan Museum
2. Isis allaitant Horus, 26ème dynastie, "faience"

 
Les vases canopes d'Horiraa, musée du Louvre.
Douamoutef, à tête de chien

Hâpy à tête de babouin
Amset à tête d'homme
Qebehsenouf à tête de faucon
  
 
 














Statue-cube appartenant au musée des beaux-arts de la ville de Paris (Petit Palais), en dépot au Louvre.


Loin de l’image décadente qu’on lui a longtemps associée, cette époque est celle d’un brillant renouveau artistique : sommet de ce millénaire, la période saïte (672-525 avant notre ère) est considérée comme une véritable renaissance de l’art égyptien. 
 C’est au cours de cette époque saïte, pendant la XXVIe dynastie, que l’Égypte regagne son indépendance, avant que le pays ne soit envahi par les Perses qui forment la XXVIIe dynastie.
Une prospérité économique accompagne cette période d’échanges avec les autres civilisations. Elle permet la construction d’importants monuments qui célèbrent la grandeur de la culture égyptienne.

Une production artistique exceptionnelle

Issus de tombes ou de temples prestigieux, sculptures et reliefs, sarcophages et masques funéraires, objets de culte et bijoux sont autant d’illustrations de l’art de cette période, qui mêle élégance des proportions, délicatesse des formes et sobriété des détails. Servie par une maîtrise éprouvée de la technique et un goût prononcé pour la pureté des lignes, la production artistique se distingue alors par des réalisations d’une perfection inégalée, tout particulièrement dans le domaine de la statuaire.

Tête d'Amasis, 26ème dynastie, musée de Berlin

                    

Du royaume des vivants au royaume des morts

Les Pharaons

Figure essentielle de l’art égyptien, le pharaon est mis à l’honneur dans la première salle. En dépit des bouleversements politiques, chaque nouvelle dynastie a pris soin d’asseoir son autorité en s’inscrivant dans la lignée des grandes figures pharaoniques. Cette galerie permet d’évoquer les différents modes de représentation du pharaon et de réunir quelques figures historiques de l’Égypte tardive : Chéchonk Ier, Psammétique II, Apries, Amasis, Nectanébo Ier, Ptolémée II…




 

 

 

 

 

 

 

Le monde des dieux

À côté des pharaons, les représentations des dieux sont également réunies dans l’exposition pour souligner l’originalité du panthéon égyptien. Autour d'Amon, d'Isis ou d'Osiris sont présentées de nombreuses divinités anthropomorphes et zoomorphes parmi lesquelles la célèbre statue de Bastet sous forme de chatte, prêtée à titre exceptionnel par le British Museum. 

                                      Déesse Bastet, sous forme de chatte

Les influences étrangères qui traversent pendant ces dix siècles l’histoire de l’Egypte mettent à l’honneur les dieux zoomorphes et favorisent le développement de certaines techniques artistiques : le travail de l’or en particulier connaît une période de très grand raffinement à l’époque des dynasties libyennes (Statue fragmentaire d’Amon, période lybienne, New York, Metropolitan Museum).




Le Royaume des morts

De splendides objets funéraires témoignent de l’opulence des sépultures et de la place centrale qu’occupe le culte des morts dans la création artistique (Grand masque funéraire, collection particulière). Trois salles de l’exposition sont consacrées aux tables d’offrandes, situles, stèles, bijoux et ouchebtis qui décoraient les sépultures ainsi qu’à la reconstitution d’une tombe complète avec l’ensemble de son mobilier funéraire dans la grande tradition des dynasties précédentes.



L'Egypte aux mille visages

La représentation du corps tient une place particulière dans la statuaire qui s’illustre par la variété et la finesse des figures masculines ou féminines. La statuaire atteint alors une qualité de représentation encore inégalée : les poses des orants dans le temple se diversifient (Statue-cube de Padishahededet, XXVIe dynastie, Dépôt du Louvre au Petit Palais), la morphologie des corps se précise (Statue « Dattari », XXXe dynastie, Brooklyn Museum, New York), les visages s’individualisent et atteignent un incroyable réalisme comme en témoigne la fameuse Tête verte prêtée à titre exceptionnel par le Musée de Berlin. 



2. La tête verte de Berlin

 Une grande importance est donc accordée au visage, qu’il soit expressif ou idéalisé. La diversité culturelle de cette Egypte sans cesse conquise ou libérée nous offre sur mille ans l’image d’une Egypte aux mille visages.

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