mercredi 26 septembre 2012

Kees Van Dongen, peintre fauve, de sensibilité anarchiste, devenu une figure des années folles

Peintre hollandais prompt à la caricature et à la dénonciation sociale, artiste d’avant-garde et figure du fauvisme, est devenu une des grandes figures de la scène parisienne des années folles.

"Le Doigt sur la joue", 1910

Né dans un faubourg de Rotterdam, en 1877, Van Dongen est issu de la petite bourgeoisie néerlandaise. Le jeune homme fait des études artistiques et fréquente les milieux anarchistes. 

Kees van Dongen, vécut la majeure partie de sa vie en France, était au début de sa carrière un rebelle proche des milieux anarchistes plutôt acharné à dénoncer les travers de la société de l'époque.

En 1905, il expose ses oeuvres au Salon d'Automne où sont moqués les "fauvistes" comme Henri Matisse ou André Derain, aux couleurs tranchées et contrastées ; avant d'intégrer définitivement l'avant-garde parisienne et de devenir l'une des figures majeures du Fauvisme. 

On réalise aussi assez vite qu'il est un grand fan du corps et des visages féminins. Finalement, il intégrera à part entière les milieux parisiens fermés et se fera le peintre de cette mondanité dans toute sa dimension érotique, ce qui ne fut pas au goût de tout le monde...




L'année suivante, Van Dongen s'installe au Bateau-Lavoir. Il a pour voisin Pablo Picasso avec lequel il va au cirque et dont il peint la compagne Fernande Olivier. Il travaille en lumière artificielle. Ses couleurs sont crues, stridentes. 


Ses "Lutteuses" (1907-1908), prêtes à en découdre, font écho aux "Demoiselles d'Avignon" (1906-1907) de Picasso.

Viennent les années Montparnasse (1912-1916) où il côtoie l'élite parisienne. Il fait scandale au Salon d'automne de 1913 avec "Tableau", un grand nu de Guus qui déploie son châle et ne cache rien de ses poils pubiens. La police s'empresse de le décrocher. La notoriété du peintre en sort renforcée. 

On se retrouve dans un monde fougueux et ultra-coloré où la femme règne dans toute sa sensualité. A la limite du primitivisme, Van Dongen n'hésite pas à peindre les chairs en rose vif et en vert amande, à remplacer les yeux par deux fentes noires et à idéaliser les courbes voluptueuses de ses modèles. Leurs poses sont dominatrices, arrogantes, ou tout simplement sexuelles. On irait même jusqu'à dire que van Dongen est parvenu à peindre la femme (plus ou moins émancipée à son époque) qui désire sexuellement l'homme.    

"Il y a une dimension érotique chez Van Dongen. Il montre des femmes libres, émancipées", dans cette période de guerre où elles ont dû remplacer les hommes partis au front.



  
Par la couleur, Van Dongen reste l’artificier du fauvisme. Ses voyages en Espagne, au Maroc et en Egypte, renforcent la puissance de ses couleurs. Les accessoires orientalistes, comme les châles, apparaissent. 

Le Musée National d'Art moderne du Centre Pompidou


Le Musée National d'Art moderne du Centre Pompidou regroupe la plus grande collection d'art moderne et d'art contemporain d'Europe
Il présente une grande diversité de chefs d’œuvres des maîtres de l'art moderne tels que :

Kandisky, Compositions VIII (1923)
 

Henri Matisse, la blouse romaine (1940)

 Marc Chagall, ci dessous : les mariés de la tour Eiffel

 Fernand Léger, la parade du cirque (1952)
 
Picasso, Marie Thérèse

Dali, Le sommeil (1937)




Miro, Le chant des rossignols à minuit

Georges Braque, Le viaduc à l'Estaque (1908)

Sonia et Robert Delaunay, Histoires vraies (Robert Delaunay)





Jackson Pollock, Mural (1943)


Alberto Giacometti, L'homme qui marche (1960)



De plus, le musée offre une magnifique vue sur Paris.
** Autant de raisons pour aller visiter cet endroit.**

jeudi 13 septembre 2012

Modigliani, un style bien à lui

Modigliani est indifférent des avant-gardes qui se développent autour de lui et reste fidèle à son style.  
 


   

Le cas de Modigliani est assez insolite. 

L'essentiel de sa carrière, qui se déroule entre tumulte et ivresse, fureur et passion, s'échelonne sur une dizaine d'années seulement. 
Dans son œuvre, aucune nature morte, deux modestes paysages, mais une longue suite de nus féminins et une multitude de portraits qui dépassent la mièvrerie par leur approche lucide, désabusée, tragique. 


Il est au coeur du milieu artistique le plus stimulant du siècle, il voit Picasso peindre Les Demoiselles d'Avignon. Cela ne lui fait rien. Le choc considérable que le tableau produit sur Braque, sur Derain, n'atteint pas Modigliani. Mais il découvre l'art nègre auquel il empruntera ses élégantes déformations: yeux en amande sous des sourcils fortement arqués se prolongeant dans la ligne longue et forte du nez, cou allongé démesurément.

Il devint l’un des grands peintres de la femme du 20ème siècle. Il choisit ses modèles parmi les gens du peuple, dans les cafés de Montparnasse, ou dans les rues de Paris. Sa maîtrise de la couleur lui fut propre, unique.


S'il demeure indifférent aux grands problèmes de l'art de son temps, Modigliani fréquente pourtant les autres artistes de La Ruche: Lipchitz, Brancusi, et surtout Soutine, le compagnon des jours de misère. Leurs expressions picturales sont aux antipodes l'une de l'autre: teintée d'une grâce à la Botticelli pour l'Italien, d'une tristesse profonde et torturée chez le Russe, mais tous deux sont des travailleurs acharnés de la toile. 

Dans les années 1915-1930, Jonas Nette a permis à des artistes fauchés comme Modigliani et Soutine de travailler grâce à son soutien financier.  
Bien que l'on ait reproché à Modigliani son style répétitif (yeux en amande...), ce schéma ne nuit pas à l'expression de la personnalité des modèles (Fillette en bleu 1918).



 

Quelques mois plus tard, le 24 janvier 1920, l'artiste italien est emporté par une méningite tuberculeuse à l'âge de 35 ans. Jeanne Hébuterne, sa femme, proche d'accoucher, se donne la mort deux jours plus tard. 



La mort prématurée de Modigliani va auréoler de légende son œuvre, pourtant peu appréciée de son vivant vu comme un prince ivrogne, consumée et sublimée par les excès.


mardi 4 septembre 2012

Rodin, la chair, le marbre

Le marbre c'est d'abord un matériau mythique, chargé de références à la Grèce antique. Le marbre évoque également l'Italie de la Renaissance de Michel-Ange. Le marbre, matériau dur et froid exprime généralement l'immobilité des corps figés pour l'éternité.
Mais dans le cas de Rodin, il donne l'illusion de la vie et est à même de représenter la chair, ainsi le montre cette exposition "Rodin la chair, le marbre".

Pour s’en convaincre, il suffit de regarder deux célèbres chefs-d’œuvre du sculpteur, La Danaïde, une femme face contre terre, présentant sa somptueuse chute de reins, ou Le Baiser, ces deux amants joliment enlacés. 

 
 La danaïde - Rodin

 Le baiser - Rodin


Rodin a exploré les différentes facettes du marbre matériau noble par excellence et est parvenu à faire sortir les visages du bloc dans « Aurore », dessine les courbes sensuelles d’un couple avec « Le baiser », et celles d’une femme avec «  La Danaïde». "Il était déjà très réputé à son époque pour faire vibrer, trembler le marbre et lui donner l’aspect de la chair", précise Aline Magnien, la commissaire de l’exposition.

"Le Baiser" montre bien la figure dans le bloc de marbre.
Ici au centre: Le baiser ou La foi ou L'amour profond(1898), l'artiste exprime dans cette sculpture une grande sensualité qui en son temps a choqué le public.

Rodin, modeleur, concevait l’œuvre, la modelait en terre en petit format, puis les praticiens sculptaient d’après la maquette. Le maître contrôlait l’exécution de la pièce et remaniait parfois lui-même.


Sur la fin de sa vie, le sculpteur s'interroge sur la nature, le marbre est vu comme une matière vivante notamment dans les portraits qui montrent un buste, un visage  qui germe dans le bloc, il opte de plus en plus  pour  le "non finito". Ce sera sa marque de fabrique : des blocs de marbre émergent des têtes, des mains sculptées. Une impression d'inachevée pour une œuvre en fait très aboutie qui laisse apparents les clous de la mise au point et montre aussi le côté artisanal du travail de l'artiste.

Une cinquantaine de marbres et une dizaine de maquettes préparatoire en terre cuite ou plâtre sont présentés dans un parcours chronologique qui montre bien l'évolution stylistique du maître. 

Source : FranceInfo

Rodin, la chair, le marbre, du 8 juin 2012 au 3 mars 2013, au musée Rodin de Paris, 79 rue de Varenne, 75007 Paris, Métro Varenne, de 10h à 17h45, fermé le lundi.