jeudi 13 septembre 2012

Modigliani, un style bien à lui

Modigliani est indifférent des avant-gardes qui se développent autour de lui et reste fidèle à son style.  
 


   

Le cas de Modigliani est assez insolite. 

L'essentiel de sa carrière, qui se déroule entre tumulte et ivresse, fureur et passion, s'échelonne sur une dizaine d'années seulement. 
Dans son œuvre, aucune nature morte, deux modestes paysages, mais une longue suite de nus féminins et une multitude de portraits qui dépassent la mièvrerie par leur approche lucide, désabusée, tragique. 


Il est au coeur du milieu artistique le plus stimulant du siècle, il voit Picasso peindre Les Demoiselles d'Avignon. Cela ne lui fait rien. Le choc considérable que le tableau produit sur Braque, sur Derain, n'atteint pas Modigliani. Mais il découvre l'art nègre auquel il empruntera ses élégantes déformations: yeux en amande sous des sourcils fortement arqués se prolongeant dans la ligne longue et forte du nez, cou allongé démesurément.

Il devint l’un des grands peintres de la femme du 20ème siècle. Il choisit ses modèles parmi les gens du peuple, dans les cafés de Montparnasse, ou dans les rues de Paris. Sa maîtrise de la couleur lui fut propre, unique.


S'il demeure indifférent aux grands problèmes de l'art de son temps, Modigliani fréquente pourtant les autres artistes de La Ruche: Lipchitz, Brancusi, et surtout Soutine, le compagnon des jours de misère. Leurs expressions picturales sont aux antipodes l'une de l'autre: teintée d'une grâce à la Botticelli pour l'Italien, d'une tristesse profonde et torturée chez le Russe, mais tous deux sont des travailleurs acharnés de la toile. 

Dans les années 1915-1930, Jonas Nette a permis à des artistes fauchés comme Modigliani et Soutine de travailler grâce à son soutien financier.  
Bien que l'on ait reproché à Modigliani son style répétitif (yeux en amande...), ce schéma ne nuit pas à l'expression de la personnalité des modèles (Fillette en bleu 1918).



 

Quelques mois plus tard, le 24 janvier 1920, l'artiste italien est emporté par une méningite tuberculeuse à l'âge de 35 ans. Jeanne Hébuterne, sa femme, proche d'accoucher, se donne la mort deux jours plus tard. 



La mort prématurée de Modigliani va auréoler de légende son œuvre, pourtant peu appréciée de son vivant vu comme un prince ivrogne, consumée et sublimée par les excès.


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